Quelques réflexions après lecture, à défaut d’être une vraie recension, pour conseiller la lecture du livre Pierre-Antoine Plaquevent sur György Schwartz aka George Soros.

Recension du livre

Quelques défauts (de la première édition)

Certes, il est loin d’être parfait.

D’une part, l’éditeur, le retour aux sources, eût pu un peu mieux faire son travail en corrigeant le style parfois un peu brouillon avec de nombreuses répétitions d’une phrase à l’autre, réclamer à l’auteur une bibliographie et lui demander de citer ses références de manière précise et constante du début à la fin du livre.

D’autre part, les longues listes d’associations créées ou financées par la fondation Soros sont souvent lassantes (à rejeter en annexes ?) même si elles sont nécessaires pour que le lecteur voie bien l’ampleur du phénomène.

En outre, j’aurais aimé, de temps en temps, mieux comprendre précisément l’empreinte de la Fondation Soros quand elle finance une structure. Par exemple, lorsque l’auteur nous informe que Soros finance l’école de journalisme de l’université Columbia à Nouvelle York, dans le chapitre 5/3. Il ne suffit pas de dire qu’il le fait donc il est fait en sorte que les journalistes soient formatés à ses idées et aillent prêcher la bonne pensée unique dans les médias où ils travailleront, il faudrait nous montrer concrètement ce que cela donne, en détaillant les professeurs qui y enseignent et leur CV, des contenus d’enseignement, des stages ou moments de sensibilisation qui joueraient sur le cerveau des évangélistes du globalisme ; éventuellement comparer avec d’autres écoles de journalisme pour percevoir la marque de la bête Soros sur les esprits des gens censés nous informer.

Drogue, avortement et position libérale

Plaquevent, parmi les nombreuses luttes progressistes que Soros finance, choisit de s’intéresser à l’immigration de masse (chap. 5/1) et à la lutte en faveur de la « culture de mort » (drogue, euthanasie) (chap. 5/2).

Le premier point ne souffre pas trop de débats tant l’image d’un chaos organisé se dessine nettement. Tous les nigauds qui ont été endormis par les arguments humanitaires doivent vite se réveiller et comprendre un phénomène politique qui ne sert que ceux qui ont intérêt à voir des pauvres de couleurs de peau différentes se battre entre eux pour mieux les manipuler ou les éliminer afin de réduire la population mondiale.

Le lobbying pour la dépénalisation de la drogue n’est pas sans arrière-pensées financières puisque l’oligarchie mondiale rêve de faire de l’argent avec ces produits,1 et l’auteur évoque l’intérêt monétaire de ce combat derrière le discours philosophique prônant la liberté de choix. Néanmoins, ceux qui profitent de l’argent de la drogue ne feraient-ils pas mieux de laisser ceci géré par les mafias et les banques avec la complicité des épouvantails politiques qu’ils mettent à la tête des Etats ? N’est-ce pas plus pratique et plus lucratif pour eux qu’en légalisant le secteur ? Le problème est le même par ailleurs avec les réseaux pédophiles d’antiélite : s’il est admis que les sévices commis sur des enfants sert politiquement à tenir les individus que le Système veut faire monter dans la hiérarchie de la pyramide par des preuves accablantes de crimes atroces, comment comprendre l’abaissement de l’âge de la majorité sexuelle ou une certaine volonté de légaliser la pédophilie ? Si le chantage à la révélation de l’homosexualité, la consommation de drogue ou la pédophilie ne servent plus, de quoi se serviront les manipulateurs pour tenir leurs pièces lourdes sur l’échiquier ? Il faut donc remarquer que la technique de domination par opérations derrière le rideau (cryptocratie) et compromission est incompatible avec la technique de domination obtenue par destruction des morales naturelles de l’être humain, cette dernière pouvant agir au grand jour. Dans le dernier cas, la Franc-maçonnerie où autres sociétés discrètes d’où sortent les lois de domination par la brisure des individus, signeraient le moment de leur dissolution une fois leur mission historique de destruction du catholicisme effectuée : Mustapha Menier n’a pas besoin de se cacher…

De fait, Plaquevent montre bien qu’à son niveau de fortune, Soros n’est plus intéressé par l’argent, ni pour lui ni pour ses amis, mais vise à marquer l’Histoire en aidant le plus qu’il peut à la réalisation d’un projet politique et messianique, en faisant de sa fondation « le corps mystique de la société ouverte » (chap. 4). Voir ici le moindre intérêt pécuniaire de la part du cavalier de l’Apocalypse parait ici bien faible et manifeste que Plaquevent est incapable de comprendre la logique interne d’une position libérale luciférienne, qui préfère laisser à l’individu l’Arbre de la connaissance du bien et du mal à portée de sa main et un serpent voulant le séduire à chaque coin de rue, plutôt qu’un Etat-Père qui protégerait le pêcheur et déciderait à sa place ce qu’il doit faire. Même si, effectivement, il y a d’autres considérations et que la donne communautaire (au niveau de l’oligarchie internationale dont Soros n’est qu’un des membres les plus actifs) bouscule la naïveté de la position individualiste libérale, en ignorant le fait religieux ou en ne lui accordant pas une place importante, elle peut exister véritablement pour des raisons purement morales.

Idem pour l’avortement, qui est le deuxième exemple qu’il choisit de développer. Il existe un conflit philosophique entre les défenseurs du droit de la femme de disposer de son corps et de sa vie et celui de l’enfant qui se trouve dans ce corps du fait de l’activité sexuelle de sa mère, mais la position donnant le droit de meurtre sur un fœtus peut être défendue sans considérations ni messianiques2 ni pécuniaires3) mais simplement pour permettre à des femmes de jouir et de ne pas avoir à porter les conséquences d’un plaisir éphémère toute une vie durant.

Je comprends la position de l’auteur, mais il dénonce sans cesse le modèle libéral de « société ouverte », prônant une alliance des nationalistes conservateurs (un « Konservintern » ; chap. 5/4) pour s’opposer à ce projet, sans rétablir honnêtement l’alternative. Or, le libéralisme est une réponse aux problèmes créés par la « société close », problèmes qu’on ne peut pas nier. Lorsque Thomas Hobbes prône un Léviathan ou Carl Schmitt une société homogène et dictatoriale, ils répondent aux problèmes de la guerre civile générée par l’hétérogénéité des sous-groupes qui (dé-)composent leur société. Lorsque le peuple allemand met Hitler au pouvoir ou les Italiens Mussolini, ceux-ci leur proposent de se débarrasser de régimes pourris et d’une situation d’hyperinflation et de dette intenables. Le libéral a tort d’arriver avec ses gros sabots de bienpensance simpliste en critiquant les uns et les autres, car même s’il estime que la réponse apportée au problème auquel ces penseurs et dirigeants ont dû faire face est mauvaise voire pire que le régime supplanté, il doit bien prendre en compte l’ensemble de la situation. Ne pas le faire le conduit à ne rien comprendre et à idéaliser de fait le régime précédent. Or, une fois qu’il fait face à une alternative dont aucune des branches n’est souhaitable, son jugement sera plus mesuré, et à moins qu’il ne trouve une issue dialectique au problème, toute la retenue dans le jugement des choix concrets des uns et des autres sera appréciée. Il en va de même pour les nationalistes et les conservateurs, qui doivent comprendre la possible logique des positions de la « société ouverte », accepter que le raisonnement se tient et ne pas idéaliser, parce que le projet globaliste est celui qui est le plus dangereux de notre époque, une sorte de Paradis perdu du nationalisme.4 Le livre La société ouverte et ses nouveaux ennemis, il y a dix ans, montrait ce types d’ambiguïtés y compris chez les libéraux, où pour lutter contre le possible totalitarisme théocratique musulman, Alain Laurent devait se faire gardien de la “civilisation occidentale”5. Si au nom de la liberté des femmes on leur interdit autoritairement et collectivement de porter le voile, défend-on la liberté ou est-on un autre petit Robespierre qui ne laisse pas de liberté aux ennemis de la liberté ?

Enfin, j’eus aimé – mais évidemment l’auteur ne pouvait pas traiter tous les sujets au risque de produire un livre trop long – qu’il abordât la question du féminisme ou de l’antiracisme car je trouve qu’ici la tension entre deux types de libéralismes est la plus vive, où Soros comme poppérien extrémiste ou conséquent, c’est-à-dire comme millénariste, s’oppose au fixiste Hayek. Les uns, au nom de la liberté, outrepassent le libéralisme qui réclame la plus grande neutralité de l’État possible vis-à-vis des modes de vies et idées concurrents sans n’en imposer aucun. On passe ainsi de la tolérance envers les homosexuels, de la non-agressivité envers les religions différentes, de l’égalité entre sexe ou de la liberté de conscience et d’expression, à l’imposition d’un modèle de société où l’homosexualité est obligatoirement considérée comme normale, où la religion de l’autre est incritiquable, où la femme a le droit de renverser le sens de la violence pour imposer la sienne de manière réparatrice, ou la neutralité face aux opinions est niée par un nouveau totalitarisme inversé qui n’est pas plus garant des libertés qu’une société théocratique traditionnelle, la religion des gnostiques ayant simplement remplacé la catholique. Aussi Popper défend la négation du libéralisme par un travail de temporisation de l’ingénierie sociale essayant d’obtenir par réformisme ce qu’il est trop fragile d’atteindre par la révolution, quand Hayek veut laisser faire le travail de sélection naturelle des comportements pour que les modèles traditionnels l’emportent finalement sur les expérimentations (quitte à ce que ces dernières influent sur les premières et les amendent, richesse de la diversité) sans avoir à les imposer. Les deux hommes unis par leur projet commun “The Abuse and Decline of Reason” dans les années 1940, ne seraient donc pas si proches que cela, la « société ouverte » de Popper pouvant elle aussi suivre la « route de la servitude » et un constructivisme que Hayek aurait regardé avec dégoût. Dans tous les cas, la vision du bon nationalisme protecteur contre la méchante société ouverte piège pour les peuples tendu par une élite financière, est un schéma un peu trop facile et le passage du féminisme au post-féminisme ou sextrémisme eût été l’exemple parfait pour traiter de cette déchirure dans la défense des femmes et des ambiguïtés de la défense des femmes.

Soros missionnaire juif ou gnostique ?

Enfin la question juive est abordée avec tact et intelligence par Pierre-Antoine Plaquevent. Il ne la contourne pas comme un fonctionnaire d’État  lâche et soucieux de sa carrière plus que d’exactitude, mais ne prête pas pour autant à caricature. La position de Soros n’est de toute façon pas évidente, en témoigne ces différents conflits avec des Israéliens, indice montrant que s’il est un agent avéré des Etats-Unis, il n’est pas un sayan. Ou du moins, s’il existe une emprise juive derrière le projet de globalisme, le monde juif serait lui-même divisé. Le schéma un peu facile voulant que les autorités juives à la tête d’un projet messianique prônent un double standard, avec le respect strict d’une société traditionnelle de type « société close » chez eux en Palestine occupée, car c’est bon et naturel pour l’être humain et a fortiori nécessaire au peuple-prêtre s’il veut être fidèle à sa tâche de berger des nations en délégation directe de YHWH, et un modèle unique de type « société ouverte » pour détruire les autres nations et permettre leur dissolution dans le grand Empire planétaire de la fin des temps, n’est pas aussi facile.

Certes, Soros est un missionnaire suivant Karl Popper, qui lui-même se réfère à Henri Bergson lorsqu’il explique pourquoi il a choisi cette distinction6. Certes, Soros, Popper et Bergson ont tous trois pour point commun d’être d’origine juive et “nouveaux chrétiens” qui pour des catholiques ne seraient rien d’autre que des marranes. Lorsqu’on sait que la conversion de la famille au luthérianisme le fut pour des raisons d’assimilation mais non de foi, si on remonte la généalogie de sa famille à Vienne, entre son oncle sioniste Josef Popper-Lynkeus, une certaine Elke von Popper qui se marie en 1775 avec le frankiste Thomas von Schönfeld7 ou quelques francs-maçons comme Simon Popper (peut-être le propre père de Karl Popper) ou Tódor Popper, la question du marranisme se pose pleinement. La position de George Soros est encore plus délicate, qui est peut-être plus un gnostique luciférien étranger aux trois religions du livre et au service d’un projet messianique qui ressemble à celui des Juifs et des Chrétiens, mais qui déifie un petit groupe parmi les êtres humains, plutôt qu’il travaille au retour d’un messie.

La grande qualité du livre est donc de poser sans tabou les bonnes questions qu’il faut aborder lorsque se penche sur Soros, sans apporter de réponse hâtive, et les derniers chapitres sont passionnants !

Une conférence de Pierre-Antoine Plaquevent

https://www.youtube.com/watch?v=aUglJeVyaAg
E&R Ariège a reçu Pierre-Antoine Plaquevent le 13 janvier 2019 au nord de l’Ariège.

Notes

  1. Que les États comptent déjà dans leur PIB, d’ailleurs, vaste hypocrisie. ↩︎
  2. Détruire moralement la société dans laquelle on laisse s’instaurer ce droit au meurtre pour qu’elle s’affaiblisse et soit dominée par les siens, peuple-prêtre à qui Dieu a confié la tâche de diriger le monde. ↩︎
  3. Créer une lucrative industrie de l’avortement qui va de pair avec une culture de la déprime et de la fausse liberté (boire, se tatouer, baiser) qui fabrique des êtres faibles, instables et dépendants, offrant de juteuses ventes de médicaments à l’industrie du “sex, drug & rock’n roll” ; ou le piège libéral-libertaire. ↩︎
  4. Et encore, il faudrait remonter à l’Europe catholique d’avant 1789, puisque le républicanisme que la France va exporter tant bien que mal, sombre enfant des Lumières, est un modèle gnostique difficile à défendre lorsqu’on s’oppose à la « société ouverte ». ↩︎
  5. Laquelle ? L’Occident de l’Angleterre de Margaret Thatcher et l’Allemagne de Hitler, la France chrétienne de Saint Louis et celle de Saint-Simon et Comte, la Russie de Staline et l’Amérique nationaliste et raciste, l’Amérique du Sud à moitié façonnée par les Francs-maçons et l’autre par les Catholiques, tout ça dans un même grand creuset culturel ? ↩︎
  6. Ce choix est doublement étrange. D’une part, la distinction clos / ouvert du kabbaliste Bergson ne recoupe pas celle de Popper, et d’autre part on la trouve aussi chez le goy Max Weber dans le deuxième chapitre d’Economie et Société, §10, publié de manière posthume en 1921, où la distinction est, elle, la même que ce qu’entend Popper. ↩︎
  7. De son nom tchèque Moses Dobruška, qui devient Junius Frey à Paris, pendant le coup d’Etat judéo-franc-maçon, où il périt guillotiné. ↩︎

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