Lounès Darbois et Pierre de Brague : du branleur au hardeur, la pornocratisation des esprits

Voici une émission très intéressante proposée par Egalité et Réconciliation, où Lounès Darbois revient sur sa recherche et ses analyses sur la pornographie actuelle, qu’il a synthétisé dans un livre, Sociologie du hardeur, paru aux éditions Kontre Kulture, en 2017.

Je trouve notamment très pertinente cette idée qu’il y ait eu quatre grandes étapes dans la pornographie :

Les étapes du porno

1950-1960

Pornographie qui met en scène des rapports sexuels conventionnels, ceux qu’on ne montre pas dans les films grand public – ce qui se passe une fois que le prince et la princesse sont réunis à la fin de l’histoire montrée.

Pornographie comme bien de substitution qui permet aux jeunes qui n’ont pas encore accès aux femmes de se déniaiser, ou à certains adultes de fantasmer, sans doute ceux qui n’ont pas l’argent pour aller voir des prostitués ou participer à des partouzes mondaines.

Premières tentatives de libérer la sexualité dans une optique émancipatrice, notamment de la moral chrétienne.

1970-1989

A côté de la pornographie de substitution, existe une pornographie, dite d’avant-garde (luciférienne) ou de contre-culture (anti-chrétienne), destinée à choquer le bourgeois ou à prôner des valeurs de libération sexuelle adolescente dites ‘émancipatrices’1. On commence à montrer l’amour en groupe, l’amour libre, mais très vite ce mouvement émancipateur est récupéré par l’Etat profond nord-américain qui – via notamment le développement du LSD, le lancement des groupes à guitares (comme nouveaux prêtres d’une religion luciférienne qui se cache de moins en moins) et le développement du New Age – suggère largement aux jeunes d’adhérer librement le “sex, drug & rock ‘n roll” qui les dépolitise.

En même temps, le bourgeois, massivement mis devant la télévision en couleur et le cinéma, obtient les bienfaits de la société de consommation : parents comme enfants sont détournés de la politique par des autorités soucieuses de les pacifier définitivement.

On note, par exemple, qu’un Pier Paolo Pasolini, qui a compris ce piège, écrit en

Je ne pense pas que, avant de s’exprimer, on ne doit jamais, en aucun cas, craindre une instrumentalisation par le pouvoir et sa culture. Il faut se comporter comme si cette dangereuse éventualité n’existait pas. Ce qui compte, c’est avant tout la sincérité et la nécessité de ce que l’on doit dire. […]

J’abjure la Trilogie de la vie, bien que je ne regrette pas de l’avoir faite. Car je ne peux pas nier la sincérité et la nécessité qui m’ont poussé à représenter les corps et leur symbole principal, le sexe.

[…] La lutte pour la démocratisation du « droit d’expression » et pour la libération sexuelle, ont été deux moments fondamentaux de tensions progressistes des années cinquante et soixante. En deuxième lieu, dans la première phase de crise culturelle et anthropologique dont le début date environ de la fin des années soixante, lorsque que commençait à triompher l’irréalité de la sous-culture des mass médias et donc de la communication de masse, le dernier rempart de la réalité semblait être constitué par les corps « innocents ». […]

Maintenant, tout est complètement inversé (:) la lutte progressiste (…) pour la libération sexuelle a été brutalement dépassée et rendue vaine par la décision du pouvoir consumériste d’accorder une tolérance aussi large que fausse [;] la réalité des corps « innocents » a été elle-même violée, manipulée, dénaturée par le pouvoir consumériste. Bien plus, cette violence sur les corps est devenue la donnée la plus macroscopique de la nouvelle époque humaine [;] les vies sexuelles privées (…) ont subi le traumatisme aussi bien de la fausse tolérance que de la dégradation corporelle, et ce qui, dans les fantasmes sexuels, était douleur et joie, est devenu déception suicidaire, inertie informe.

Pier Paolo Pasolini, « Abjuration la Trilogie de la vie » dans Lettres luthériennes, Paris, Ed. du Seuil, 2000, p. 81-82.

1990-2000

Généralisation de la pornographie par progrès technologique, de la VHS au DVD avec la généralisation de l’ordinateur portable, et qui culmine avec le développement d’Internet.

Il s’agit désormais de faire du sexe un bien de consommation courante, produire le consommateur insatiable dont a besoin la société de consommation. De plus, l’URSS implose et les Partis Communistes, garants d’une morale pseudo-catholique matérialiste sont obligés de se rallier au consumérisme libéral-libertaire, pour survivre un temps puis disparaître, tout comme la secte Novus Ordo née de Vatican II qui n’en finit par d’agonir en courant après les gauchistes libertaires. Les années fric des années 1980 vendues par les EUA n’ont plus de contre-modèle viable face à eux.2

2010-2020

Il y a sans doute une part de logique marchande : la pornographie étant de plus en plus généralisée, les gens se lassent et veulent des choses toujours nouvelles quitte à sombrer dans l’horreur ; on pourrait parler de la baisse tendancielle du taux de satisfaction offert par le sexe virtuel. Mais il y a aussi, sans aucun doute, un projet politique qui s’inscrit dans le “sex, drug & rock’n roll” de la fin des années 1960, mais qui ne consiste plus à abrutir les masses, sinon à les éliminer peu à peu dès lors qu’elles sont inutiles pour le travail et écologiquement nuisibles. Il faut donc faire du pornographique de plus en dur et ciblé, dans plusieurs buts : rendre les gens fous en leur proposant des catégories ignobles, détruire l’innocence des jeunes en leur proposant des images auxquelles ils devraient à peine penser, prôner des idées politiques, par exemple en montrant des images de minorités visibles humiliant des filles blanches, destruction des familles en mettant en scène des rapport sexuels entre membres de familles recomposés, voire en proposant des vidéos d’incestes.

En même temps, le monde est entré dans l’ère de surveillance de masse depuis la manipulation du 11 septembre 2001 et des différents attentats pilotés par l’Etat profond destiné à terroriser les foules et permettre l’état d’urgence d’essence totalitaire.

2020-2040

Le but est la mise en place définitive, du plan arrivé à maturité de Coudenhove-Kalergi, ou l’application des plans des frères Huxley, dont Aldous a donné le principe dans Le meilleur des mondes, en 1932 déjà. Il faut donc avilir moralement les individus, détruire les familles (le dernier petit îlot qui résiste au libéralisme-libertaire de Manip ’68) et détruire ce qu’il reste de catholicisme en Occident pendant que les églises sont brûlées et que les traces historiques du Christianisme disparaissent, à la faveur de ceux qui se protègent eux-mêmes des plaies qu’ils envoient aux autres ; de plus, la pornographie permet de développer un réseau de prostitution avec des mineures, nécessaires au maintien du matériel de chantage pour tenir les antiélites) et rend les consommateurs complices de la prostitution virtuelle puisque personne ne croit aux scenarii et tout le monde sait que les filles sont souvent droguées ou s’avilissent faut de pouvoir trouver autre chose.3

Cette dernière étape va de pair avec des injonction sourdes à conformer son corps aux modes pileuses dont le porno’ donne le ‘la’. Par exemple, les hommes rasés ou les sexes rasés façon jeune filles pré-pubères (pédophilie latente), ou la généralisation des piercings et des tatouages réservés avant aux gens de mauvaise vie – comme les taulards, les prostitués ou les artistes – en faisant croire aux individus4, qu’ils sont des artistes de leurs corps, alors qu’ils ne sont que des infimes représentants interchangeables des deux premières catégories, même s’ils ne voient pas leurs murs, ou que le terrorisme sous faux drapeau leur fait aimer le cocon de leur cage. La manipulation du Covid et la distanciation physique a encore permis d’avancer un pas de plus vers le virtuel qui isole et qui détruit la société, à la faveur d’un totalitarisme oligarchique où seuls les 1% peuvent être heureux et les 20% encore nécessaires peuvent être plus ou moins libres.

Thérèse Hargot : les ravages du porno

Thérèse Hargot, début 2024, voit un grand problème anthropologique et sociologique mais sans y donner une dimension politique, c’est-à-dire sans y voir de complot ou de programme inscrit dans une guerre de 5ème génération.

A lire sur la pornographie

Sur Internet

“L’art” bigarré de Greg Lansky, “Steven Spielberg du porno”, Nous Sommes Partout, 12 mai 2020

Livres

BAUDRY Patrick, L’addiction à l’image pornographique: Addiction : Plaisir, Passion, Possession [2016]

HARGOT Thérèse, Tout le monde en regarde (ou presque): comment le porno détruit l’amour [2024], Albin Michel, 192 p., 18,90 €

LARBOIS Lounès, Sociologie du hardeur – Pour une résistance à la pornographie [2018], Kontre Kulture, 182 p., 14 €

OGIEN Ruwen, Penser la pornographie [2008]

DUFOUR Dany-Robert, La Cité perverse: Libéralisme et pornographie [2012]

Notes

  1. Cf. Zabrinskie point. ↩︎
  2. L’altermondialisme des années 2000 n’étant qu’un feu de paille créer par des bobos déjà pourris par la société de consommation et qui font de la com’ et du spectacle bien plus que de la lutte politique sérieuse. ↩︎
  3. De la même façon que la consommation de produits chinois rend le consommateur occidental, complice des esclavagistes chinois, et, dès lors qu’il a accepté pour d’autres le principe de l’esclavage (à moins de développer une théorie raciste, expliquant pourquoi ce n’est pas grave pour les autres), il devra bien aussi accepter le sien, pour avoir payé ses produits un peu moins chers pendant un certains temps en toute immoralité… ↩︎
  4. Des sociétés où la pédophilie et le satanisme avancent de façon de moins en moins cachées, notamment grâce aux vidéo-clips. ↩︎

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