… ÇA LEUR FAIT MAL AUX OREILLES…

Ça a fait un peu bizarre d’avoir publié un vendredi 13 novembre 2015, un petit texte sur une rupture datant d’il y a dix ans (pourquoi ce soir-là ?), au même moment où Paris était en sang à cause de terroristes et le découvrir après coup.

Mais il n’y aura rien de retiré. Il n’y aura d’ailleurs pas d’autres mots sur cette soirée ensanglantée, pas d’affichage grandiloquent, pas de démonstration de cœur et de vaniteux discours funéraire où on prend la pause en espérant que la société verra notre geste et que l’Histoire s’en souvienne, car c’est surtout notre silence, ou du moins notre bruit quotidien où ils n’ont pas leur part, qui écrase ces égarés.

Je ne mettrai pas de drapeau français ni sur Internet ni à ma fenêtre car je ne me sens pas plus Français aujourd’hui qu’hier. J’ai eu mal pour les New-Yorkais, comme j’ai eu mal pour les Balinais, les humoristes et journalistes assassinés dans le monde, les jeunes filles enlevées, les peuples martyrisés entre deux feux, j’en oublie… et aujourd’hui les Parisiens. Je ne prierai pas, je n’ai jamais cru à ce truc louche ; je chanterai, à ma façon c’est plus qu’une prière, c’est un petit culte qui n’a pas besoin d’église, portatif, à portée de corde vocale.

Nous autres libéraux, nous continuerons nous battre pour un monde libre d’où que viennent les menaces, des extrêmes jumeaux, de l’Etat sécuritaire, des collectivistes politiques ou religieux, des bienpensants humanistes ou victimaires. Il n’y aura pas d’union sacrée avec des gens qui valent bien des ennemis plus facilement identifiables, nous ne ferons pas alliance avec certains, on leur montrera du doigt les assassins et on leur dira : « regardez, c’est vous à un stade différent ». Bref, il nous reste du boulot. Il est peut-être même sans fin.

Seulement, notons une chose. Nous détestons la politique et rêvons de voir son emprise sur nos vies diminuer. Nous nous battons contre elle en la niant, en n’en faisant pas, en usant de notre « liberté des Modernes »1. Les terroristes transforment chaque moment de plaisir, les verres que l’on boit entre amis, les concerts où on se rend, les rues où on se tient par la main, les jupes sur lesquelles on se retourne, l’alcool qui pétille dans nos existences et tout le reste, toute la vie à foison, en acte militant sans que nous n’ayons rien à changer à nos habitudes. Merci, les gars !

Nous autres simples citoyens des métropoles, pendant que nos institutions et des hommes nous protègent, du mieux qu’ils peuvent, on gagnera en riant, en vous montrant « nos culs et nos bonnes manières », en refusant tous ensemble de jouer votre partition. Dieu est grand, oui, sans doute, mais il nous veut debout et festoyant. A la vôtre, imbéciles !

… ET ÇA LEUR RETROUE AUSSI LE FION !

14 novembre 2015.

Note

  1. La lecture du très beau texte de Constant est à reprendre régulièrement. ↩︎

Photo d’entête : “Clown” par Alyssa L. Miller.

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