Ils prônent la liberté et demandent l’unité nationale, voire « sacrée »  et que pas une tête ne dépasse du troupeau. Ils défendent NOS valeurs …et s’uniformisent tous dans des mêmes minutes de l’amour bien sillonnées dans le champ du conformisme.

Mais nos valeurs c’est le pluralisme, le fait qu’on soit juste1 d’accord de n’être parfois d’accord sur rien, de voir les croyants regarder les autres avec condescendance et ces derniers qui leur renvoient leur mépris, c’est de croiser certaines personnes dans l’espace public comme on croiserait des extraterrestres parce qu’on ne partage ni la même sexualité, ni la même couleur, ni la même idéologie, ni la même condition sociale, ni parfois la même histoire personnelle lorsque celle-ci tire ses racines de loin, qu’on écoute Taubira et Zemmour, Soral et Finkielkraut, Verdier et Hulot, Autain et Dieudonné, etc., qu’on tolère ce qu’on abhorre, qu’une femme à moitié à poil peut croiser un sac noir, qu’on trouve que ‘x’ est connard et tous les autres sont pires, qu’on râle parce que le poisson du voisin « n’est pas frais» , qu’on rappellera aux collectivistes de tous les partis qu’ils sont invités à la fête de famille des djihadistes pendant que nous autres, individualistes, on se démerdera avec nos propres contradictions et nos propres faux frères, qu’on a tous une haute idée de la politique à mener à l’internationale, qu’on se hait fraternellement, qu’on se parle quand même, même qu’on boit, on bouffe et on baise ensemble, que tout ce bordel non seulement tient mais produit le meilleur de l’humanité et qu’on s’efforcera toujours de s’arrêter au seuil de la violence physique lorsqu’on ne s’entend pas ! Mais écharpez-vous allègrement, les gars, c’est notre capacité à le faire qui est notre force ! Et la seule réponse collective qu’on peut donner à nos ennemis, c’est une réponse statistique : un joli baby boom dans neuf mois, Inch’Hallah !

15 novembre 2015.

Note

  1. Effectivement, il y a une lutte incessante à mener pour ce ‘juste’. ↩︎

Photo d’entête : “Transitional space” par Henk Sijgers

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