Cela va être une critique totalement contradictoire puisque sur le fond je suis totalement d’accord avec tout ce qui est dit par Alexis Haupt dans son opuscule de 2022. Cependant il n’y a rien de fondamentalement nouveau par rapport à d’autres écrits qui analysent le passage du totalitarisme du XXe siècle basés sur la force et la crainte, à ceux du XXIème, basés sur la manipulation et la « tacite répression » pour utiliser un terme de l’auteur. Le texte est court et les ouvrages mobilisés sont si lacunaires qu’on se demande quelles prétentions pouvaient avoir le texte… Aucune ? Alors à quoi sert-il ?

Sur la forme, ce texte auto-édité souffre de multiples répétitions, d’une certaine emphase ridicule, notamment lorsque l’auteur introduit des concepts pas si nouveaux en grande pompe (« je nomme ce type de société pharmaco-punitive », p. 25 ; « j’appelle société de tacite répression, la société autoritaire floue et sournoise », p. 42), avec quelques pages qui ressemblent à de la vantardise de rappeurs (j’ose, je me bats, j’expose, je nomme, je rentre dans la guerre de l’information…) pour des choses, certes tout à fait justes et nécessaires d’être dites, mais sans nouveauté ni travail de synthèse. Les adresses au lecteur sont assez ridicules, voire dignes de Monique la réveillée cosmique à la retraite qui veut faire sortir de la Caverne des gens plus instruits qu’elle sur son groupe Telegram de dissidents 2.0 sans organisation sociale et qui a le temps des les noyer de vidéos anxiogènes et mal maîtrisées (« enfin, lecteur, réveille-toi ! », p. 181), et on a parfois l’impression d’avoir un jeune bachelier rentré dans la cour des grands qui, tout auréolé de sa mention bien a décidé qu’il devait instruire ses contemporains de choses incroyables que ceux-ci attendaient pour comprendre et termine par des considérations sur la vraie démocratie, et tout un baratin adolescent parfois assez risible servi pas un abus de phrases exclamatives.

Le seul point que j’ai appris ou du moins la seule référence que je ne connaissais pas est la notion de « contre-anthropomorphisme » de Milgram, qui m’a donné envie de lire les travaux d’un scientifique dont on a tous entendu parler. Pour le reste – et encore une fois c’est tout à faire gênant quand on pense que l’auteur a tout à fait raison sur presque tout et qu’on est heureux que des jeunes écrivent ce genre de texte mal relu et souffrant de l’absence d’un éditeur, plutôt que de vomir du fact-checking officiel qui n’est rien d’autre que de la propagande officielle paresseuse et lâche –, le texte étant court je n’ai pas perdu mon temps, je suis même content d’avoir un peu financé l’auteur (qui reverse ses droits, je crois) mais je n’ai rien gagné à cette lecture, alors qu’Alexis Haupt m’avait donné bonne impression sur X. D’où ma déception. Peut-être aussi s’est-il bonifié par la suite avec ses ouvrages sur le « Mediavers » et « La servitude volontaire intellectuelle » ou le « complosophisme »… j’attendrai un peu pour voir.

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