Sommaire
Un produit in-fini…
Il y a quelque chose de troublant dans cette publication de textes hétéroclites d’Alain Soral, chez Kontre Kulture, en cette fin d’année 2024. Certes dans ses entretiens, le président-nabab-autocrate d’Egalité et Réconciliation informe qu’il avait décidé de produire ce livre en quarante jours, le temps de sa mise à demeure avec bracelet électronique, sorte de traversée du désert qui le fait se prendre un peu pour le Christ1. Toutefois une sorte d’impression d’urgence (avant qu’on l’emprisonne, peut-être), comme si le polémiste franco-suisse s’était senti obligé de tout sortir de son disque dur et de ses tiroirs, se dégage de cet abécédaire. Lui qui a mis dix ans entre Comprendre l’Empire [2011] et Comprendre l’époque [2021], semble s’être empressé de tout livrer : discours politiques de son passage au Front National (mais une sorte de postface qui aurait apporté une réflexion rétrospective sur son engagement politique), petites chicanes de récré (contre Lapierre, Hillard ou autres Rochedy), brouillons de bons mots, réflexions intéressantes seulement esquissées, reprises d’idées trouvées lors d’une vidéo (et même pas retravaillée un minimum), une blague (sous Z) ou la préface – déjà publiée – de L’Autre Zemmour [2021] de Youssef Hindi, le tout dans un fatras un peu sympathique mais souvent paresseux. Car un écrivain peut alterner travaux de fonds et textes plus épidermiques ou drôles, mais se contenter souvent de reprendre une formule ou une phrase sortie lors d’une vidéo, sans même l’étoffer, manifeste un certain mépris du lecteur et une autosatisfaction exponentielle au-fur-et-à-mesure que les années passent…
On se souvient du Soral se moquant des Juifs, si persuadés que la moindre de leur petite crotte devait être offerte (enfin vendue) aux Goyim reconnaissant qu’ils ne pouvaient s’empêcher d’en faire grâce au monde avec le soutien d’un père, d’un oncle ou d’un cousin. Le voici qui semble s’être laissé aller à ce délire égotiste adolescent, publiant la moindre de ses productions comme si c’était de l’ambroisie délicieuse que le commun devait goûter en se pâmant de plaisir. Régression égotiste, besoin d’argent ou …nécessité de refaire le tour des chaines d’entretiens pour reprendre la main ?
… pour éclipser Xavier Poussard en douce ?
En effet, ce truc pondu à la va-vite pourrait aussi avoir été motivé par le besoin de reprendre la main sur ses troupes, juste avant de virer le très qualifié et profond Xavier Poussard de Faits & Documents (où Soral a placé son fade second, Pierre de Brague) qui commençait à prendre beaucoup de place avec son affaire Jean-Michel, notamment à l’étranger via la popularisation que lui donnait son entretien avec l’étasunienne Candace Owens. Poussard, de plus s’émancipait un peu du fan-club de l’arrogant chauve en allant travailler avec Zoé Sagan ou Christian Combaz de Campagnol TV, créant un réseau de journalistes qui lui donnait une force de travail et une aura sans doute aussi importante que Soral – ce que le loup dominant d’E&R devait détester. On n’aura jamais la voix (non-pas impénétrable puisque pénétrée) du Seigneur des ânes niais d’E&R pour nous le confesser mais cela expliquerait sans doute la concomitance de la sortie en grande pompe2 des « Texticules 2 » avec la sortie par la petite porte de Xavier Poussard pendant que le vieux faisait le mariole sur toutes les chaines…
(Maitre du Logos, oups…)
Au final…
En tout cas cela donne un tout très inégal, souvent frustrant, avec des répétitions qui auraient dû faire l’objet d’un travail éditorial et d’autres textes qui auraient appelé à plus de développement pour échapper à l’impression – souvent présente – de foutage de gueule.
Enfin, il manque un sommaire, avec les titres des articles, car il sera pratiquement impossible de se souvenir du contenu du livre dès quelques jours après la fin de la lecture, dans ce fouillis désinvolte – question appareil critique les éditions Kontre Kulture pèchent toujours sur ce point…
Bref, quelque chose d’assez inabouti. Et, comme trop souvent, on pourra se contenter d’écouter la vidéo de présentation pour avoir l’essentiel du livre…
… c’est mieux en vidéo
Donc, Soral, ça3 s’écoute parler (avec ses fans venus lui passer la brosse à reluire) :
« – Réfléchis, si tu as braqué, qu’est-ce que c’est le plus dur ?
– Ouais… »
(Terrible vidéo avec un jeune, Kentra, qui, pendant tout l’entretien, ne comprend que la moitié des blagues de Soral et semblanet dépassé par ses questions, donnant l’impression que son Socrate de Satrapie lui fait découvrir la vie, au point de s’extasier comme une groupie incapable de suivre le maître dans ses raisonnements les plus simples… Le trac ?)
Notes
- Ce n’est tout de même pas ça qui va arrêter le radin Soraleerson, dont le sacrifice sera sans doute la parousie pour sa horde de fanatiques. ↩︎
- Et gros pompage des Soraloïdes… ↩︎
- Oui, ici ‘ça’ s’entend en deux sens : lui-même, et puis les internautes, avouons, il a de bons restes même si c’est un sale type. ↩︎