Avec seulement 98 pages, cette édition, chez Kontre Kulture, des comptes rendus de discussions que Martin Bormann a consignées en 1945, sont de ces textes qu’on lit d’une traite, un soir, alors qu’on n’avait pas prévu de le faire et qu’on a déjà terminé quand on se dit qu’on va laisser cette lecture pour plus tard.

Ces dernières pensées de Hitler, alors dans son bunker et acculé en sandwich par une association anglo-saxonnes d’« enjuivés » [p. 20] et par le national-communiste Staline1, qui s’imagine encore le 6 février 1945 qu’un miracle est possible, s’identifiant aux 300 Spartiates de Léonidas [Id.], ne sont pas dénuées d’intérêt. Notamment pour ce qui concerne les relations internationales. On y apprend ce que pensait le Führer des peuples latins, et notamment des Italiens, ce peuple qui s’est trouvé un César mais qui n’a plus rien de l’ancien empire, qui n’a fait que le gêner militairement, notamment avec la campagne de Grèce, et qui l’a empêché de s’entendre avec l’Islam ou les peuples colonisés par la France. Intéressant de lire son dégoût de l’Espagne des curés, qu’il déteste sans doute autant que les rouges, en même temps que le catholicisme. Dignes de réflexion ces moments où Hitler rappelle que son idéologie, nationale, n’est destinée qu’aux Allemands [p. 66], comment il ne pense pas sortir du Lebensraum européen qu’il souhaite pour son peuple (avec à sa frontière Est un empire russe qu’il respecte mais veut regarder la main sur la détente connaissant l’universalisme prosélyte des communistes), et comment il voulait participer à la décolonisation des pays envahis par l’Empire des Lumières maçonniques, pour s’en faire des alliés au moins pendant la guerre.

D’ailleurs, un Jules Ferry prétendant le 28 juillet 1885 que les « races supérieures » « ont le devoir de civiliser les races inférieures », des années avant que BHL et Bernard Kouchner ne prostituent les valeurs maçonniques des Droits de l’Homme aux intérêts du plus fort, c’est-à-dire partout où le business et/ou une petite théocratie coloniale belliqueuse et raciste juive qui sévit en Palestine (grâce à Hitler), en a besoin, et merci le « devoir d’ingérence », on se dit que du point de vue des faibles, le Tiers-Monde, le national-socialiste allemand eût été un meilleur interlocuteur que les “libérateurs” démocrates… Car on découvre ici un vrai nationaliste pensant le monde dans un équilibre de grandes puissances, le monde-anglo-saxon, l’Islam, la Russie, l’Inde, le Japon, peut-être la Chine, pas forcément très différent du monde du XXIème siècle (sauf que l’Europe n’y joue plus qu’un rôle supplétif) et dans une vision qu’un néoconservateur américain2 aurait pu signer. Bref, sans l’Holocauste, Hitler était un dictateur socialiste des plus communs au XXe siècle, et pas de quoi en faire le Grand Méchant Absolu de Tous les Temps de cet Univers et même des Autres s’il en Existe, qu’en firent les vainqueurs à Nuremberg.

D’ailleurs, voici le reproche qu’on peut faire à cette édition : au lieu d’un avertissement de l’avocat obligé de redire au bon peuple que Hitler va user de mots pas gentils qui peuvent blesser les âmes hypersensibles des associations nombrilo-tribale payées par l’État pour faire de la délation systématique et châtier les Vilains qui ne participent pas aux « deux minutes de l’amour » ou « de la haine » chères à Grand Frère dans 1984, on aurait préféré un appareil critique. Ainsi, dans “Le testament politique”, Hitler est censé nommer le rédacteur des notes, Martin Bormann, ministre du Parti (p. 95). Le doute vient à qui aime l’exactitude et a cessé de croire aux fables utiles au Pouvoir : n’est-ce pas trop beau pour être vrai ? De là : ces notes sont-elles fiables ? On est alors obligé de consulter Wikipedia3 et de voir dans l’entrée “Bormann-Diktate4 que l’authenticité du texte a été contestée. De même dans la version anglaise “Hitler’s Table Talk” de la même encyclopédie participative, nous dit que plusieurs personnes ont recueilli les paroles de Hitler entre 1941 et 1945,5 alors qu’ici le document ne va que du 4 février à avril 1945.

Pareil, plusieurs fois Hitler dit des mots très durs et équivoques. Une fois que « le poison juif [a été] éliminé » [p. 14] ou une autre il évoque « la volonté bien établie de laver le monde allemand du poison juif » [p. 34].6

 On peut comprendre par-là que par la déchéance des Juifs de leurs droits et en les enfermant, Hitler les a mis hors d’état de nuire à son pays. Mais, plus loin, il rappelle qu’il a prévenu les juifs qu’« ils ne seraient pas cette fois-ci pas épargnés – que la vermine serait définitivement éliminée en Europe » [p. 38]. Le lecteur de Faurisson – enfin s’il en reste vu la censure active et agressive qui s’abat sur la section française de la dictature national-sioniste – tique et se dit qu’il y a là un début de preuve d’une volonté d’élimination, tout de même ! Mais que sont les verbes utilisés en allemand ?7 Faut-il entendre « éliminer » comme éliminer socialement comme lorsqu’il dit, juste avant la citation sur le lavage du poison, « en les éliminant de toutes les positions usurpées par eux » [p. 34]. Peuvent-ils laisser penser qu’il n’y avait que le désir de vider le pays de ce peuple « inassimilable » [p. 33] (via trains et bateaux pour l’en sortir dès que les autorités étrangères, et notamment les juifs new-yorkais, l’accepteraient) ou bien, effectivement, de le détruire physiquement sur le territoire de la race allemande, c’est-à-dire de réaliser une épuration ethnique, et non un génocide.8

Cette question est d’autant plus troublante que juste après Hitler dit (ou Bormann fait dire à Hitler) :

Nous parlons de race juive par commodité de langage, car il n’y a pas à proprement parler, et du point de vue de la génétique, une race juive. Il existe toutefois une réalité de fait à laquelle, sans la moindre hésitation, l’on peut accorder cette qualification et qui est admise par les Juifs eux-mêmes. C’est l’existence d’un groupe humain spirituellement homogène dont les Juifs de toutes les parties du monde ont conscience de faire partie, quels que soient les pays dont administrativement ils sont les ressortissants. […] Or il ne s’agit nullement, bien que la religion hébraïque leur serve parfois d’un prétexte, d’une communauté religieuse ni d’un lien constitué par l’appartenance à une religion commune.

La race juive est avant tout une race mentale. Si elle a pour origine la religion hébraïque, si elle a été en partie été façonnée par elle, elle n’est pas néanmoins d’essence purement religieuse, car elle englobe de la même façon les athées déterminés et les pratiquants sincères. A cela, il faut ajouter le lien constitué par les persécutions subies au cours des siècles (…). Anthropologiquement, les Juifs ne réunissent pas les caractères qui feraient d’eux une race unique. Il est pourtant indubitable que chaque Juif recèle dans ses veines quelques gouttes de sang spécifiquement juif.

P. 37

Outre que Hitler dit tout et son contraire, si la race juive est une « race mentale » et pas tant biologique, on comprend qu’épurer ethniquement son pays ne lui servirait pas. On sait bien que tout régime socialiste est voué à l’échec et que pour expliquer cet échec, avant de disparaître, il a besoin d’ennemis et si possible “intérieurs” pour terroriser tout le monde et maintenir la population sous pression. Si “Juif” est une mentalité, même s’il n’y a plus un seul Juif en Allemagne, dès lors que les Aryens ne réussiraient pas plus que les Slaves, les Cubains, les Chinois, les Cambodgiens, ad nauseam, à faire fonctionner leur économie, il faudrait déclarer comme Juif tous les opposants à son régime suspectés de nuire à sa bonne marche, par exemple les libéraux, les timorés, et pourquoi pas même les Chrétiens, ces Juifs perfectionnés et mis à jour par Jésus et le Nouveau Testament, en cas de besoin répétés d’ennemis intérieurs. Au demeurant, le Juif ne sert à rien. Il lui suffit, comme en Russie, de faire la guerre aux mencheviks ou aux sociaux-traitres et de remplir ses Konzentrationslager comme les Soviétiques remplissent leur Goulags et pas besoin de théories biologiques qui obligent les sophistes germains à des cabrioles pour expliquer que les libéraux ou Chrétiens sont des “enjuivés” et Juifs mentalement même s’ils ne le sont pas de race… Donc, ce n’est pas éliminer les Juifs dont Hitler avait besoin mais éduquer tous les petits Allemands aux préceptes du national-socialisme et d’assimiler la population à son idéologie : des écoles et non des camps. Certes, Hitler dit bien qu’il n’a pas eu le temps et que l’Allemagne n’a jamais le temps avec elle [p. 44] mais c’est lui qui a poussé à la guerre. Il aurait pu s’entendre avec les bolchéviques, respectant un adversaire qu’il détestait, sur le dos des capitalistes anglo-saxons, voire aider les Sionistes à faire retourner en Israël les Juifs allemands, quitte à aider les Arabes sur place à émigrer dans la dignité et avec de l’argent en compensation,9 bref, il eût pu gagner du temps et accomplir ce qu’il voulait sans guerre, en s’armant, en repoussant peu à peu les limites imposées par la défaite et via des alliances intelligentes, avec l’Iran ou le monde sunnite, faire plier les Anglais sans déclarer de guerre.

Enfin, fi des uchronies où Hitler calme Mussolini, fait en sorte qu’il ne rentre pas en guerre et joue son grand jeu géopolitique international :

l’allié italien nous a gêné presque partout. C’est ce qui nous a empêché, en Afrique du Nord, par exemple, de faire un politique révolutionnaire. […] Seuls nous aurions pu émanciper les pays musulmans dominés par la France. Cela aurait eu un retentissement énorme en Egypte et dans le Proche-Orient asservis par les Anglais. […] Tout l’Islam vibrait à nos victoires. Les Egyptiens, les Irakiens et le Proche-orient tout entier étaient prêts à se soulever.10 Que pouvions-nous faire pour les aider, pour les pousser même, comme c’eût été notre intérêt et notre devoir. […] Or les Italiens, dans ces régions, sont encore plus haïs que les Français et les Anglais.

P. 52

De même, Hitler, aurait, dit-il libéré les colonies françaises et « le peuple de France ne [lui] en aurait sûrement pas voulu de le décharger du fardeau de l’Empire » [p. 47], ce qui est vrai, tant le colonialisme catholique puis républicain via les radicaux et socialistes (capitalisto-maçonniques) est répugnant, et on se serait épargné les horreurs de la guerre d’Algérie.

De cette Histoire, on retient deux choses. Hitler dit que la guerre lui a été déclarée dès janvier 1933 [p. 21 et p. 65] et qu’il ne s’agissait que d’une question de temps. Mais pourquoi devait-on se battre ? Parce que le Traité de Versailles était mauvais, qui instaurait les conditions d’une nouvelle guerre. Hitler dit que ce sont les Juifs qui voulaient cette deuxième guerre comme ils avaient voulu la première [p. 38]. Peut-être, c’est notamment la thèse que défend Laurent Guyénot dans son livre Du Yahvisme au Sionisme, ou dans sa trilogie sur les guerres mondiales : « combien de guerres mondiales pour Sion ? ». Peut-être aussi auraient-ils réussi leur plan messianique sans cette catastrophe (Shoah) qui leur fallait provoquer pour obtenir l’assentiment de tous les Juifs même les non-Sionistes qui savent qu’il leur est interdit de rentrer en Israël et interdit aussi de précipiter l’arrivée du messie, qu’il fallait donc nécessairement les violenter et qu’Israël ne pouvait venir que dans la souffrance et non négocié avec des Palestiniens qui n’étaient alors pas un peuple. En tout cas le traité de Versailles était mauvais car il instaurait une loi du Talion non-chrétienne et génératrice de haine sans fin…

Sur le livre lui-même, comme on sait très peu sur le texte, et même si on peut accepter son authenticité vu le contenu, les éditions Kontre Kulture ont fait néanmoins le strict minimum, de sorte qu’une deuxième édition augmentée d’un appareil critique serait bienvenue qui donnent quelques précisions et surtout les parties manquantes ! Il faut aller au-delà du pet puant à la Soral content de jouer un mauvais tour aux autorités en publiant du Hitler, ça fait 80 ans, c’est bon on peut arrêter les gamineries, il y a bien d’autres guerres qui se sont déroulées depuis, même une vraie tentative de génocide au Rwanda, qui a été gérée de manière bien plus intelligente qu’à Nuremberg avec les tribunaux Gacaca, bien des eaux troubles, on peut commencer à parler de tout ceci scientifiquement et en laissant tomber le catéchisme et la fable d’un côté et les provocations de l’autre, non ?

Notes

  1. Lui qui s’est débarrassé de son juif international-communiste, Trotsky, en 1936, avec les procès grands frères de Nuremberg. ↩︎
  2. Comprendre un ex-trotskiste, comprendre, comme le disait Bush père, “Israël”. ↩︎
  3. C’est dire si on est tombé bien bas, en allant dans l’antre où le meilleur côtoie le pire, et où l’ex-ministre Françoise Nyssen, travailleuse en bâtiment et chasseuse de fausses nouvelles peut être embauchée jusqu’à la fin de ses jours ! ↩︎
  4. Oui, amis de la flicaille stipendiée, je lis l’allemand, c’est louche, non ? Rassurez-vous petits agents de renseignement, Hitler déteste les Français, donc je n’ai rien d’un Nazi. Je laisse ça à ses frères jumeaux, es créatures, ceux qui continuent son œuvre aujourd’hui dans des camps de concentration grands comme un pays ! ↩︎
  5. Le fait que le texte n’est pas complet mais seulement un extrait est signalé dans l’avertissement républicain et garant du catéchisme bienpensant, écrit par l’avocat Damien Viguier, lorsqu’il signale que les Libres propos sur la guerre et la paix [p. 6] et qu’elles font 370 pages. Qui a opéré la sélection, pourquoi le texte n’a-t-il pas été publié en entier ? ↩︎
  6. La rhétorique du normal et du pathologique est similaire à celle de Karl Polanyi qui, dans La grande transformation, en 1944 (donc sensiblement la même époque), s’en prend à la « société de marché » libérale et reproche aux libéraux de créer une utopie révolutionnaire et non-viable, le fascisme, celui de Hitler notamment, n’étant que le stade final d’une longue maladie commencée à la fin du XVIIIème siècle. Hitler et Polanyi, comme socialistes ont d’ailleurs le même ennemi libéral, mais Karl Polanyi ne dit pas si ces libéraux participent d’un esprit du judaïsme, comme chez Werner Sombart, ou du protestantisme, comme chez Max Weber, ni même d’un même esprit vétérotestamentaire comme le font certains catholiques. Il ne dit même pas si leurs idées, la superstructure, proviennent de l’infrastructure, comme chez Marx et Engels, ou si ce sont des intellectuels payés par les capitalistes ou la grande finance à chanter les louanges de leur domination oligarchique et qu’en diffusant ses louanges déguisées en science ils créent une idéologie – un sophisme naturaliste – générant elle-même les conditions de la domination, dans un processus auto-réalisant… ↩︎
  7. Et là encore, on s’aperçoit qu’on ne sait même pas qui a traduit le texte, dans quelles conditions… ↩︎
  8. Pour le génocide, il aurait fallu aller traquer les Juifs partout dans le monde, n’est pas Serge Klarsfeld qui veut. Par contre, en 1941, le juif Theodore N. Kaufman, publie Germany must perish !, où il propose de castrer les allemandes pour que la race allemande s’éteigne à jamais en vertu de la loi du Talion. En voilà un qui avait compris comment faire plus lentement mais avec beaucoup moins de risques que d’utiliser du Zyklon B dans des douches avec fenêtres… au risque de tuer tous les Allemands du camp ! ↩︎
  9. De toute façon l’Allemagne paye pour Israël, alors payer pour payer, c’eut été plus efficace d’un commun accord et le Likoud serait aujourd’hui plus exaucé. ↩︎
  10. Ils auraient évité les révolutions colorées pilotées par l’oligarchie mondiale et la création du petit Israël en passe de devenir le Grand Israël, de manger une partie de l’Egypte et de vouloir guerroyer à tout prix contre l’Iran, l’Irak s’étant déjà fait détruire par les EUA. ↩︎

Photo d’entête : “Adolf Hitler, Along with Mussolini’s son-in-law, Count Galeazzo Ciano (to Hitler’s right), and Joachim von Ribbentrop, attend a NSDAP (Nazi Party) rally, some time in the 1930s” par Jared Enos.

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