Je ne sais plus quand, ni comment ni pourquoi, mais j’ai dû lire La France en faillite de Rémi Godeau, écrite avant la crise de 2008, et avais noté quelques passages :

A 33%, le taux français [des prélèvements sur les sociétés] est l’un des plus élevés des pays industrialisés. La Slovénie ne prélève que 25% des profits, la Pologne 19%, la Hongrie 17,7%, etc. La palme revient à l’Irlande : 12,5%. Voilà pourquoi le ministre d’Etat du gouvernement Raffarin III proposait de priver du bénéfice des fonds structurels européens les pays dont l’impôt était inférieur à la moyenne des Quinze, soit 31%. Réponse polie de la Commission Européenne : pas question ! Perfide, un commissaire rappelle alors que les différences de taux fiscaux reflètent « les niveaux de services publics et leur efficacité, qui, eux aussi peuvent varier ». Choqué que l’on mande aux nouveaux membres « d’oublier Adam Smith et d’embrasser le corporatisme d’Etat », Chris Patten, commissaire aux relations européennes, ironise : « Pour parler franc, si l’élargissement expose les anciens pays membres de l’Union à de vrais défis concurrentiels lancés par les nouveaux, tant mieux ! ».

Rémi Godeau, La France en faillite (2006), p. 44-45

La politique, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent ou croient, c’est également un métier. Il faut à la fois la vocation et la formation.

Jacques Chirac cité par Rémi Godeau dans La France en faillite (2006), p. 314

En décembre 2003, un document budgétaire recensait pour la première fois quelque 1200 commissions, conseils et autres avis consultatifs, dont les trois quarts avaient moins de quinze ans. Mais pour 90% d’entre eux, le Parlement n’a obtenu que des informations très partielles sur le coût de fonctionnement, les effectifs, la fréquence des réunions…

Rémi Godeau, La France en faillite (2006), p. 315

Le clivage gauche-droite, pertinent au moment de la formulation de la politique budgétaire, « s’estompe presque complètement ex post, dans la mise en œuvre ». Et Alexandre Siné, le thésard le plus lu de Bercy, de révéler la supercherie : « L’illusion budgétaire fonctionne sur un double registre : d’une part, elle entretient la différenciation partisane et suscite une croyance en l’efficacité politique ; d’autre part, elle fonctionne comme un mécanisme d’occultation de l’inertie du budget. ». Il n’y aurait donc plus d’un côté la gauche néo-keynésienne, adepte d’une politique budgétaire expansive, et de l’autre, la droite, libérale en diable, partisane d’une réduction des déficits.

Rémi Godeau, La France en faillite (2006), p. 93

On se souvient de la formule de John Maynard Keynes : « A long terme, nous serons tous morts. » Assassin, Jacques Attali estime que nos politiques ont trouvé beaucoup mieux : « A long terme, nos électeurs seront tous morts. »

Rémi Godeau, La France en faillite (2006), p. 146

Photo d’entête : “Escuela…” par Daniel Lobo

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