Le sujet était très intéressant, la réalisation frivole.
Se mettant face à un tel thème, un Max Weber eût recensé patiemment tous les exemples pour en tirer des idéaux-types, aurait forgé des concepts si nécessaires et organisé son propos de manière construite. Ici, dans la génération des boomers sympatoches nawako-blablateurs, celle des Derrida ou Cixous (à qui est dédié le livre), ça donne une collection d’exemples narrés avec distance et un humour qui se veut jeune mais est terriblement ringard, un plan inexistant, des sauts du coq à l’âne et d’un siècle à l’autre sans progression aucune dans le propos, bref, une jolie bouillie de conversation mondaine érudite1 qui pourrait tenir aussi longtemps que les 1001 nuits mais s’arrête à 180 pages parce qu’on dirait que ça serait suffisant pour faire un livre (qui se vend) (une fois le lecteur appâté par le titre).
Evidemment, quand on prend des exemples ici ou là, qui sont tous intéressants, on ne peut pas dire qu’on n’a pas appris des choses ou que certains passages n’ont pas retenu l’attention mais au fond quand on lit Wikipedia et qu’on se laisse aller à suivre des liens diverses à chaque notion qui nous intrigue, on peut aussi passer quelques nuits passionnantes à découvrir pleine de choses et passer un super moment. On attend pourtant d’un auteur qu’il fasse autre chose que du pot pourri ou du patchwork, qu’il ait une organisation de son propos digne du sujet qu’il prétend effleurer (je ne n’ose même pas écrire ‘déflorer’, car je suppose que le thème de la sexualité du mysticisme a fait l’objet de nombreux autres textes, et si c’était cela la tentative de dépucelage, l’hymen du sujet ne s’est même pas rendu compte qu’on l’approchait…)
Photo d’entête : “Contre-jour of the day” par Claudio
Note
- Je suis peut-être dur avec l’âge de Mme Clément et sa génération de vieux emmerdeurs, Mathias Enard, nous a pondu le même coulis de prose pompeuse avec son Boussole en 2015, à 43 ans. C’est sans doute une technique d’étalage de confiture que de produire du baroque érudit pour cacher l’absence de réel propos… Ou Enard copie l’avant-garde des années 70 qui a encore un certain crédit dans certains milieux universitaires… ↩︎