Pourquoi En route et non pas Divagations érudites sur la civilisation chrétienne et notamment sa musique (ah le plain-chant !, Dieu le plain-chant que c’est important !) à l’occasion du retour à la foi d’un post-aristocrate écrivain lassant et désoeuvré qui met une partie pour se rendre dans un monastère et une autre pour en repartir avec tendresse et nostalgie en y ayant croisé des oblats et des pères profonds et amicaux ? Le titre eût été plus adéquat.

Le texte en tout cas n’est pas dénué d’intérêt, certains passages m’ont même beaucoup touché, notamment les discussions de Durtal avec l’abbé Gévresin, mais que la forme romanesque est ici lourde, superfétatoire, et combien un essai eût été plus simple et plus efficace ! Certes, on gagne bien quelques petites distractions avec la belle poitrine de Florence – une épreuve pédagogique voulue par l’auteur pour nous divertir et nous faire participer à la torture mentale du personnage ? – mais pourquoi un roman ? Nous n’avons pas besoin de Durtal et de ses atermoiements pour parler de messes, d’art sacré, d’architecture chrétienne, de chants ou de rites, il eût même été plus rationnel de structurer son propos en chapitres dédiés à chaque points au lieu de le mêler ici ou là dans le flux de pensée d’un être fictif.

Vraiment, le roman peut apporter beaucoup au propos par tout ce qu’il permet de facétie, de liberté, de procédés littéraires, de mensonges qui disent le réel, etc. Ici ce genre ne sert à rien.

Ce texte, commencé lors d’une marche en montagne en plein hiver, écouté pendant des mois, péniblement, abandonné cinq ou six fois avant d’arriver jusqu’au bout, dans un cerisier, à en cueillir ses fruits, aurait sans doute été plus apprécié sous une autre forme.

On règle ce compte en Enfer, Joris-Karl, tu m’as bien saoulé et en même temps ce fut génial et fort.

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