Jean-Luc Mélenchon, a commencé sa campagne avec un ton de milice factieuse des années 1930, façon dégagisme, auquel on aurait tort d’apporter une étiquette, cependant, puisque ce n’est rien d’autre qu’un discours d’opposition impoli et à la recherche de la petite formule. Où Mélenchon n’égale pas encore Fidel Castro, Hugo Chávez ou Donald Trump, d’ailleurs. Je viens de voir une vidéo de l’apprenti dictateur, celui qui mettrait en place une assemblée constituante chargée de rédiger la constitution de la VIème République et la respecterait évidemment même si ses résultats s’opposaient à sa politique1, à On n’est pas couché. En fait, le fasciste sympa, bien installé dans la société du spectacle et cool, a piqué tout son style à Pierre Benichou, la gouaille franchouillarde rehaussée d’un peu de mauvaise foi pied noir, le jeu de questions et réponses qu’il se fait à lui-même dans un sketch très rigolo et qui coupe l’herbe sous le pied de l’interlocuteur, les longues tirades ponctuées de petites phrases avec clin d’œil aux journalistes les plus abrutis qu’ils doivent noter, la pantomime, tout est du Pierre Bénichou. Il manque juste le numéro de vieux dragueur pépélepoufesque que ne peut se permettre le polititi parisien et on y est ! Bénichou fait ça en amuseur et pour notre plus grand plaisir. Mélenchon, lui, pour prendre la tête du pays : et dire qu’il y a des gogos pour s’y faire avoir !
Autre point intéressant du discours du bateleur de foire : ça y est, la contradiction fondamentale dans son programme sur l’immigration, celle qui consistait à prôner sourdement une préférence nationale pour les travailleurs et un internationalisme de façade2, est résolue et les Insoumis se retrouvent d’équerre avec la France marine. Sauf que là où Marine Le Pen refuse les immigrés pour sauver la France (tada !), Mélenchon, cœur sur la main, préfère que les immigrés restent dans leur pays pour sauver le-leur. Mais que c’est mignon, qu’il est gentil, le Jean-Luc la truelle à son peupeuple !3 Bref, Mélenchon retrouve les idées de George Marchais des années 1970, les frères jumeaux nationalistes se retrouvent enfin dans les discours, et les électeurs du FN ou des Insoumis (devenus des Ainsi mous depuis l’abandon de la rhétorique couillu de ce dégagisme qui faisait frétiller leurs épidermes de doux frissons totalitaires) ont le choix entre une femme cool à la tête d’un parti dénazifié et un homme cool à la tête d’un mouvement débolchéviqué. Et comme c’est à la mode d’être féministe dans le peuple de gauche, celui-ci devrait donc préférer la femme qui a un homosexuel 2.0 comme bras droit, non ?
Notes
- Mais prends-nous pour des cons, Jean-Luc, tu as raison ! Qui as-tu prévu comme ennemi fédérateur t’obligeant malheureusement à suspendre le processus non-contrôlé et l’ajourner sine die pour le bien du peuple ? ↩︎
- Sorte de « venez tous en France mais s’il vous plait ne prenez pas le travail des Français et ne vivez pas des allocations » et bref, en un mot : « venez mais n’y existez pas » (ou que pur y faire de l’art en apportant une petite touche d’exotisme à la société française) ↩︎
- Le Pen alterne aussi les deux versions de son refus de l’immigration, d’ailleurs, Mélenchon lui a sans doute piqué aussi cet argument rhétorique… ↩︎
Photo d’entête : extrait de « Mur-melanchon-vitrine » par jean marie PALACIOS.