Après, l’article « Yann Moix, du bordel Blanrue à la kippartouz de la grosse boite à Botul », acharnons-nous un peu sur le pitrécrivain qui nous a fait perdre du temps avec deux livres pourris en donnant la parole à deux personnes qui l’ont connu, outre Alain Soral et Paul-Eric Blanrue qui étaient cités dans l’article précédent.

Yann Moix d’après Henry de Lesquen

Moix d’après Les Porcs de Marc-Edouard Nabe

Yannou mignon de Blanrue (et vice versa)

Au milieu de la foule des parigots mondains, il y avait l’écrivain-si-on-peut-dire Yann Moix, mon singeur de notoriété publique. (…) Yann s’était fait engager comme sorte de chroniqueur à scandale dans une émission de Christophe Dechavanne, où Blanrue-le-décapant avait été récuremment invité… Moix était un si mauvais « sous-Nabe » que Blanrue s’en était agacé et, sans le connaître, n’avait pas arrêté de le harceler de messages et de lettres d’insultes. Je me fis un plaisir de présenter Moix à son détracteur Blanrue. Et là, devant moi, ils tombèrent littéralement amoureux l’un de l’autre, surtout Blanrue, car Yann eut instinctivement peur de cette grande brute hilare de Metz. Comment aurais-je pu imaginer à cet instant (…) que j’allais créer [un duo] un parmi les plus solides de mon entourage ? Un couple d’inséparables qui s’entendraient sur tout. […]

P. 37-38

Moix aussi était né du Régal. Il était sorti de cette corne d’abondance ; de ma chatte de douleur, j’ai accouché sans trop pousser de monstres, de mongoloïdes, d’amputés dès l’utérus, de siamois, de nains, d’hydrocéphales, de thalidomides, surtout, il leur manque des bouts de membres, de bras, la main directement collée à l’épaule, etc. Mais le plus spécimen des ratés de mon accouchement, c’était Moix ! Il avait tout, lui : mi-nain, mi-mongolien, pas de bras longs, un peu androgyne sur les bords (parce que sans couilles) et boiteux (ce qui l’empêcherait toujours d’aller très loin dans la vie) et la main directement collée à l’épaule, mais à l’épaule de l’autre !

Moix n’y tenait plus. Il était trop content d’en être aussi, de La Vérité, de participer à ce journal dont chaque page était à l’évidence historique par son impubliabilité même. On s’était mis d’accord sur un bon sujet pour lui : Charles Péguy. (…) Moix s’était pris d’une passion (au début forcée) pour le poète répétitif, répétitif, des Cahiers de la Quinzaine, de la Quinzaine, qu’il partageait avec son (mon ?) Paul-Éric, Paul-Éric Blanrue… […]

Pour ce n 3 [de La Vérité], Blanrue avait donné d’ailleurs un coup de main à Yann pour écrire donc un long texte sur Péguy, sans doute le meilleur de leur vie… Qu’est-ce qu’ils auront pu se branler sur leur Péguy, ces deux-là ! Le corpulent Messin et le riquiqui Orléanais partaient ensemble en balade à Villeroy tous les 6 septembre pour se recueillir sur le talus où le lieutenant Péguy avait connement reçu sa balle, autant dire son étoile, au front en 1914… Ou bien ils allaient fouiller, toujours en amoureux, dans le local poussiéreux des Cahiers, rue de la Sorbonne, pour « s’imprégner » de l’esprit de l’auteur de Notre Jeunesse, même s’il n’y restait que des blattes, et mortes… Ils n’étaient pourtant pas si jeunes, Moix et Blanrue, pour s’adonner à ce genre de gaminerie ! Mais tout était prétexte à vivre la vie d’un vrai petit couple d’« amis ». Ça ne m’aurait pas étonné qu’on les ait surpris se suçant l’un l’autre dans l’arrière-salle de la boutique à Péguy, derrière une pile impressionnante de Cahiers invendus et tombant en ruines… Blanrue debout, les bras en croix, et sa gragrasse queue de pédale refoulée bien enfoncée dans la boubouche du pompeur Moix, pas à une pipe près, vous pensez !

XLVI. « Et si ce n’était pas Lee Harvey Oswald qui avait assassiné Charles Péguy ? » (p. 292-295)

Portrait de Yann en sosie de Nabe

Du côté de Moix, c’était le triomphe ! Attention, je ne parle pas de Moix l’« écrivain », mais de Moix le « cinéaste » ! Une grande soirée Podium avait été organisée d’abord au Paramount-Opéra du boulevard des Capucines… Projection en avant-première du film de Yann, adapté de son « propre » « roman ». On avait tous été invités. Blanrue, évidemment. Et même Dieudonné ! […]

Benoît Poelvoorde était génial dans le rôle du sosie de Claude François, mais le film n’était porté que par lui : toutes les bonnes tirades étaient à l’évidence de Poelvoorde lui-même et ça commençait à se savoir que Moix avait très peu participé à la fabrication de cette bluette craignos au scénario bien friable…

Cette histoire de Podium (roman et film) racontant la volonté d’identification pathétique d’un péquenot ringard pour son idole Claude François, n’était rien d’autre que la transposition de notre relation à nous, Moix et moi. Lui-même me l’avait dit carrément :

— Dans mon film, Benoît Poelvoorde joue mon rôle, et toi tu es Claude François !

Le connard ! Voilà comment il me voyait ! Comme une star des années 1980 dont il était le sosie fébrile… Le seul problème, et quel fantasme derrière ! c’est que Claude François était mort, et que moi j’étais vivant. C’était Moix qui s’était grillé à l’ampoule en la touchant, puisque l’ampoule c’était moi… Lui, Moix (et ça se voyait dans la non-ressemblance, comique pour le coup, entre Poelvoorde et Claude François), était mon faux sosie à moi – c’est-à-dire un petit raté qui croyait écrire comme moi mais qui était nul – et qui, dans sa baignoire d’arriviste dans laquelle il clapotait, avait eu le malheur de toucher ma lumière et s’était électrocuté à jamais. Même en continuant à survivre, il s’était brûlé les ailes pour toujours.

[A la soirée spéciale Podium, il] y avait ses parents, complètement ploucs, mais assez à l’aise, je trouvais. Il faut dire que ce n’était pas encore la période où Moix se répandrait sur les violences de son père à son encontre. Il n’avait pas encore trouvé la combine de faire passer son père pour un monstre qui l’avait frappé toute sa jeunesse très violemment dans le seul but de se faire plaindre de la critique littéraire et du public, de créer une légende d’enfant battu pour justifier toutes ses saloperies à lui, et mieux faire passer sa prose infantile.

Le père était plutôt jovial et j’aurai vu Moix entre ses parents, pas très loin de son frère Alexandre et de la nouvelle femme de celui-ci, qui n’était autre que la première fiancée de Yann lui-même… Bonjour les incestes ! Un beau quintet à cordes grinçantes. Chacun jouait son instrument. Tous me parurent tellement riquiquis : Alex, les parents, Laëtitia et Yann lui-même. J’aurais bien enlevé ma ceinture pour la tendre au père afin qu’il nous fasse une petite démonstration de frappage du réalisateur à succès, Yann Moix !

XLVIII. « Claude François, c’est moi » (p. 306-311)

Partouz une resucée d’Une lueur d’espoir

Celui qui s’enthousiasma le plus sur J’enfonce le clou fut Yann Moix ! Yann trouvait que c’était un de mes meilleurs livres. […]

Je voyais bien que les sujets politiques, en particulier moyen-orientaux, passaient au-dessus de sa tête de veau. Moix n’avait jamais été très fort dans ces domaines. En plus, sa joie de me lire n’était communicative que jusqu’à un certain point. Car s’il aimait mon livre, je ne pouvais pas en dire autant du sien.

En cette rentrée littéraire (…) venait de sortir son Partouz, le deuxième « roman » de sa série des P, après Podium et avant Panthéon. Coups de P dans l’eau… Encore une daube évidemment. Et là, axée sur le 11-Septembre. Comme Beigbeder avec son Windows on the world, Moix avait sorti son Partouz, ça faisait deux livres issus de ma Lueur d’espoir. Aussi nuls l’un que l’autre, mais au moins, comme Beigbeder, Yann ne tombait pas dans le conspirationnisme : pour ces deux abrutis racistes du milieu germano-people, les kamikazes arabes étaient bien les auteurs de l’attentat du siècle.

« Pour mon ami Marc-Édouard, ce livre qui lui doit tant. À bientôt, Yann. » Voilà comment il me dédicaça son sinistre Partouz. Exergues de Céline, de Péguy, de Sacha Guitry.

Il mélangeait tout, l’événement, ce qu’il en avait lu, ce que moi j’en avais écrit, ce que lui voulait en écrire, ce qu’il aurait bien voulu en ressentir. C’était particulièrement débile de faire de Mohammed Atta un type comme lui, un sans-femmes, qui aurait commis les attentats du 11-Septembre uniquement parce qu’il avait envie de baiser et qu’il ne savait pas comment faire ! N’importe quoix ! Ma métaphore sexuelle dans Une lueur d’espoir sur le 11-Septembre, Moix l’avait prise à la lettre. De loin, on aurait pu prendre son livre pour un hommage à Al-Qaïda, mais non, c’était un hommage à sa petite queue de merde qu’il comparait aux énormes couilles qu’il avait fallu à Mohammed Atta pour s’encastrer dans le World Trade Center.

Moix racontait aussi sa visite dans un club à partouzes, rue du Cherche-Midi, dont il avait changé le nom. Il faisait son petit Houellebecq ! Houellebecq que, par jalousie d’ailleurs, il traitait de « con » dans tout un chapitre recyclé d’un article déjà publié. J’avais vu la manœuvre (je le connaissais mon Yannou) : c’était uniquement pour attaquer Houellebecq qu’il faisait semblant de défendre l’islam. Bientôt, pour se refaire copain avec Houellebecq, il attaquerait l’islam. Toute sa vie, Moix ne serait pas à un manque de conviction près.

[…] Jusqu’à la speakerine Fabienne Égal, une vieille de la télé que je connaissais un peu, et sur laquelle soi-disant Moix avait fantasmé enfant, mon cul ! et avec laquelle on m’avait vu en photo dans Voici : tout était d’abord filtré par son nabisme, et après, Moix recrachait. C’était un grand malade. C’est comme s’il avait secoué mes livres avant de déverser leur mélange pas ragoûtant sur sa page…

Yann était en train d’essuyer les larmes de rire de sa face de ouistiti triste, lorsque passa devant nous à vélo Jean-Paul Enthoven ! Son éditeur ! Si elles avaient pu, toutes les larmes seraient remontées dare-dare sous ses paupières, au Yann pétrifié de confusion à la pensée que le grand Enthoven, n°2 de chez Grasset, made in BHL, le voie à mes côtés… Enthoven rangea son vélo et avant qu’il ait pu nous dire un mot, Moix se dédouana auprès de son patron :

— Bonjour Jean-Paul… dit Yann dans un petit sourire gêné de pute prise en flagrant délit de sécher le trottoir… Je tombe toujours sur Marc-Édouard Nabe devant le Lutetia… C’est là où les nazis avaient leur QG, comme vous savez.

Je n’eus même pas le temps de rappeler à cette petite crapule (sous-sous-saint Pierre en train de renier son maître devant un coq à la chevelure blanche) que c’était lui qui m’avait donné rendez-vous dans ce café et que le Lutetia était aussi l’hôtel qui avait accueilli tous les déportés à la Libération, que Jean-Paul, sans même avoir écouté Moix, me tendit la main très chaleureusement. C’est tout juste s’il ne me fit pas la bise ! Ce que Moix ignorait, c’est que depuis qu’il avait flashé sur Alain Zannini, Enthoven me tenait en grande sympathie, se foutait complètement de ma réputation d’antisémite, et regrettait de ne pas être mon éditeur.

LXVI. « Fann Moix » (p. 443-447)

Moix, un rebelle qui bande mou

Moix se réfugia derrière Blanrue pour mieux assumer la présence de Soral. Encore un peu, il se blottissait contre le buste du gorille alsacien-lorrain. Pourtant, Moix et Soral n’étaient pas sans points communs…

C’est Alex Moix, le petit frère de Yann, que j’avais aussi présenté à Soral et qui avait remarqué chez Alain le même regard de folie haineuse, de vindicte, de frustration et de manque de reconnaissance que chez Yann, qui me l’avait expliqué :

— C’est marrant… Tous les deux ont été battus par leur père, et tous les deux renient leur frère et leur soeur respectifs !

Autre point commun avec Soral, et Alex était formel : son frère Yann était un peureux physiquement et il s’était toujours mis avec des types dont il avait peur. Par exemple, il avait peur de Blanrue, et il s’était fait copain avec lui. « À l’école déjà, disait Alex, Yann se mettait avec des costauds pour ne pas en être tabassé. »

D’après son frère toujours, Yann était depuis son adolescence secrètement obsédé par les camps de concentration, le nazisme, la dictature, les Juifs. C’était comme une façon de répondre à la violence de son enfance où il se faisait taper par son père. Il a longtemps fait le rapport entre les sévices que son père opérait sur lui et ceux des nazis sur les Juifs dans les camps. Pas mieux pour exorciser tout ça que de jouer au mini-néo-nazi !

Moix a toujours eu des velléités de dessinateur de BD… Peut-être s’était-il rêvé être, avant un sous-Nabe, un sous-Vuillemin ? Pourtant, le lourd petit plouc était doté d’un très mauvais trait de sous-doué dans ce domaine, comme dans tous les autres. En effet, dans sa jeunesse, Moix avait commis une bande dessinée qu’il eut la prudence de ne pas signer, mais l’imprudence de faire imprimer. Il n’avait pas mis son nom, le lâche, mais on reconnaissait très bien son écriture !… Plusieurs personnes en ont gardé un exemplaire, car il distribuait sa BD à Reims pendant ses années d’étudiant ; et pas d’excuses : il n’avait pas quatorze, ou quinze ans, Moix, lorsqu’il dessinait des cadavres de Juifs pour les salir. Il en avait vingt-deux !

« Ushoahïa », ça s’appelait… Une parodie d’Ushuaïa de Nicolas Hulot et de L’Île aux enfants. C’était des camps de concentration que les gens visitaient par « interrail », Dachau, Buchenwald, Auschwitz, avec un Casimir à croix gammée qui torturait des Juifs. Les personnages pissaient sur les monceaux de cadavres en cendres à Auschwitz. Ça se terminait par Bernard-Henri Lévy qui était comme une merde au milieu d’un camp, entouré de mouches !

Je ne sais pas si le Grand Prêtre de La Règle du Jeu aurait apprécié le « talent exceptionnel » (sic) de ce Rastignac orléanais qui, à force de lécher son cul de « youtre » (le mot est dans Ushoahïa), était en train de devenir un de ses plus obséquieux larbins…

LXVII. « Ushoahia », un inédit de Yann Moix (p. 449-450)

Depuis, on sait, puisqu’en pleine polémique, en automne 2019, après la sortie d’Orléans, cette BD fit de nouveau parler d’elle et le grand sayan tombeur de Kadhafi, absout le lêcheur invétéré de toute faute, en lui accordant la prescription.

La conversation vint ensuite sur Moix. Soral ne se gênait pas pour le charger en tant que faux subversif collabo du Système. Pour Blanrue, de plus en plus amoureux, Moix était un antisémite honteux. Mais ça aussi, c’était faux, tout le monde savait que Moix était plutôt un pro-sémite honteux qui pensait qu’en fréquentant des antisem’ – et de façon contrôlée pour que les bien-pensants ne puissent pas vraiment le lui reprocher –, Yann étant plus ou moins des nôtres, nous aurions des scrupules à le balancer…

Blanrue nous avoua que le scénario de Podium avait été entièrement écrit par Olivier Dazat. L’idée originale, dès même le livre, n’était pas de Moix, mais d’un certain Michel Mouton, un copain d’Orléans, qui avait menacé de faire un procès à Yann s’il montait sans lui le film qu’ils avaient commencé à écrire ensemble. Pour acheter le silence de Mouton, Moix, avec l’argent de la production (pas de sa poche), avait dû raquer, et le film se fit… Un que Moix n’avait pas eu besoin de payer, c’était Blanrue, qui avait participé à l’écriture des dialogues, nous dit-il entre deux rots… Inutile effort ! Tout le monde savait que les meilleures punchlines du film avaient été improvisées sur place par Benoît Poelvoorde lui-même.

Mais pour Blanrue, il y avait quand même un côté « pur » chez Moix… C’était son adoration pour Charles Péguy, et pas seulement parce que celui-ci n’était soi-disant pas antisémite…

Cette histoire de Péguy non-antisémite, ça arrangeait bien Moix. C’était une sorte de bouclier. Il avait trouvé un grand écrivain maudit et chrétien qui avait pris la défense de Dreyfus et de Bernard Lazare, alors Yannou le mettait sans arrêt en avant, comme pour dire : « Vous voyez que je suis mieux que Nabe, moi ! Je ne suis pas un idolâtre du vilain antisémite Bloy, mais du merveilleux philosémite Péguy ! » Pour Blanrue encore, c’était une façon réellement touchante que Moix avait de dissimuler ses goûts qui le portaient vers la grande écriture de droite nationaliste française et donc forcément un peu antisémite…

Péguy était un passeport pour Moix afin de mieux se rendre (c’est le cas de le dire) dans le camp ennemi. Et je prophétisais que ça allait être de pire en pire !

LXVIII. « La jaunisse d’Alain » (p. 461-464)

Paul-Éric connaissait bien la jalousie maladive de Moix. Comme son frère Alex Moix, avec qui il m’arrivait souvent de discuter… Je voyais bien qu’il était rongé… Yann-la-« star » lui tournait le dos depuis plusieurs années déjà, et il me confirma que Yann avait bien été frappé très durement par leur père, souvent pour rien, mais aussi parce qu’il était méchant avec lui, Alex. Yann ne supportait pas d’avoir un frère plus jeune. Après que le père l’avait cogné (à coups de poing), Alex retrouvait souvent Yann le soir pleurant dans son lit, car ils dormaient dans la même chambre.

Cosette Moix… Tout cela n’était pas un thème plus débile qu’un autre à romancer, seulement Moix était un tel salisseur pervertisseur détourneur déviateur dénatureur de tout, y compris de sa propre histoire, que ça devenait illisible. S’il commençait à se trancher une veine autobiographique, en partant de l’enfance, j’attendais avec impatience la période où Moix raconterait comment il m’avait découvert ! Toujours d’après les aveux de son frère Alex, c’était mon apparition en 1985 qui l’avait décidé à « devenir écrivain ». Et puis quoi encore ? Il avait eu sa période Marc-Édouard Nabe-Patrick Grainville, nous étions ses deux dieux. Mais c’est moi qui l’obsédais le plus.

Alex était formel : je l’avais déboussolé. Le Régal l’avait complètement déréglé, cerveau, nerfs, ambition, c’était à ce moment-là qu’il s’était déclenché personnellement. Yann avait même une « nabothèque » : il demandait à sa grand-mère d’Orléans d’enregistrer tous mes passages télé, de les stocker, et bien sûr il possédait tous mes livres, il ne pensait qu’à ça… Je me demande même s’il n’appelait pas mes livres Les Possédés, ce possédé…

— Son histoire de sosie le définit bien : c’est un sosie en toute circonstance… me dit encore Alex.

Il y en a qui sont nés sous X, Moix était né sosie. Yann avait également dit à Alex : « Je veux être Nabe littérairement et Beigbeder pour les ventes ! », seulement c’était incompatible. […]

L’enfance cognée de Yann Moix expliquait beaucoup de son caractère et des décisions stériles qu’il avait prises pour toute sa vie : il n’aurait pas d’enfant parce qu’il détestait les enfants !

— Je pense, me dit Alex, que s’il ne veut pas d’enfants, c’est parce qu’il a peur de les battre. C’est pour s’empêcher de les battre, car il sait qu’il les battra pour se venger de ce que notre père lui a fait.

C’est surtout que Moix ne voulait pas prendre le risque qu’un fils le dépasse ! Il voulait être tout seul. C’est bien d’être tout seul, mais pour faire quoi, pour être qui ? Parce que le grand problème de Yann, c’est qu’il ne savait pas qui il était.

— Il a toujours été glauque, me dit encore Alex. C’est un type, mon propre frère, même quand je passais dix minutes avec lui, je mettais trois jours pour me remettre ! Il y a quelque chose de malsain chez lui.

CVIII. « Moix contre Céline (sic) » (p. 719-722)

Un marrane, un chien en lèche

Paul-Éric, en gros pédé antisémite, avait trouvé son giton juif en Yann. La vérité, c’est qu’il était ravi et fier que cette petite merde, lâche et opportuniste à la fois, lui ait chié sa préface dans la bouche : ça les liait comme un mariage ! Nouvelle alliance ! Comme un enfant qu’ils auraient fait ensemble ! Blanrue prétendait avoir compromis Moix et croyait pouvoir me faire avaler cette couleuvre, alors que c’était lui, bien sûr, qui n’avait de cesse d’avaler toujours plus du foutre marrane péniblement pissé par la mini queue de son adoré !

Ça faisait déjà longtemps, moi, que je savais par son frère Alex qu’ils étaient marranes d’Espagne (Moïx). C’était une tante éloignée qui, en tombant sur Podium, avait découvert que ce « Yann Moix » appartenait à sa famille, en vérité des « Moïse », des marranes convertis au Moyen Âge.

Au début, ça n’avait absolument pas intéressé Yann. En revanche, Alex, ça l’avait passionné d’avoir appris que les Moix étaient juifs ! Il s’était levé le cul, il était allé en Espagne, voir les hectares d’oliviers, « comme la forêt de Chambord », qui appartenaient à sa famille. Alex avait travaillé, fouillé dans des paperasses, s’était aperçu qu’ils faisaient partie, son frère et lui, des « conversos ». Torquemada, l’Inquisition, l’abjuration… Que de thèmes parfaitement adéquats à la personnalité répugnante de Yann Moix !

(p. 942-943)

Avec Paul-Éric [Blanrue], on parla d’ailleurs de Moix qui, cette nuit-là, lui avait envoyé vingt-cinq textos, comme par hasard après mon émission, le suppliant de lui trouver une idée de best-seller…

— Toi tu sais que je ne suis pas philosémite… lui avait dit Yann.

Charmant Yannou ! Décidément, il n’était pas dans son assiette en ce temps-là, ou plus exactement il avait le cul entre deux assiettes : le philo et l’anti ! (…)

D’ailleurs, après un Ruquier désastreux, Moix passa chez Durand pour son nouveau petit navet Mort et vie d’Édith Stein. C’était une nouvelle pierre au temple qu’il était en train d’ériger à la gloire du judaïsme. Le petit Moix ramait devant Guillaume Durand… Avant de répondre à la question de l’animateur, la première chose que dit Moix, les premiers mots qui sortirent de sa bouche furent :

— Les trois choses qui me passionnent le plus dans la vie, c’est, dans le désordre, l’art, l’amour et la religion.

Ça me disait quelque chose… Rien de moins qu’une phrase découpée directement de la première page de L’Âge du Christ ! C’était vraiment un fou pathologique ! Je vérifiai, c’était bien ça, page 9 (la même qu’on voyait dans Terminale de Miller), à la neuvième ligne : « Je n’ai plus que trois obsessions : l’art, l’amour et la religion, dans le désordre. »

Moix avait donc besoin de ça : me citer, me faire parler à travers sa gueule encroûtée de mon vieux sperme pour se lancer dans ses propres réponses. C’était comme une espèce de prière intime qu’il ressortait avant de devenir lui-même, pour se chauffer. Un vrai phénomène de transe judéo-ésotérique, désormais ! Il croyait sans doute, avec son petit Edith Stein, faire son Âge du Christ.

Raté ! Après la citation de ma phrase, ce n’était plus qu’une bouillie que le petit jeune plouc d’Orléans vomissait sur la table du plateau d’Esprits libres.

(p. 1254-1256)

Naissance d’un monstre

Comme je m’interrogeais sur la transformation effrayante de Yann, même physique depuis quelques temps, le Docteur Laïbi nous expliqua la « tératogénèse »… C’est-à-dire la création scientifique de monstres. […] Dans le cas de Moix, il s’agissait d’une malformation extrautérine, bien après avoir été un simple foetus acceptable. La question, c’était : était-ce mon regard qui avait changé sur lui au point de le déformer en direct dans la vie réelle alors qu’il approchait la quarantaine, ou bien est-ce que c’était lui qui, par toutes ses compromissions, saloperies, trahisons, incohérences, tortures personnelles, s’était transformé jusqu’à se recréer lui-même comme un monstre ?… […]

p. 1290

La rupture avec Nabe

On vit arriver Moix avec une fille, à pied. Il s’approcha de nous, l’air toujours gêné, penaud, puceau puni. C’est par le toit ouvert de la voiture qu’en me redressant un peu, je lui lançai, alors qu’il venait gentiment nous dire bonjour :

— Ordure ! Va-t’en ! Qu’il est gras, qu’il est laid !

Je prenais Nadia à témoin : « Regarde-moi cette laideur ! Allez, démarre ! » Et Nadia m’obéit. Notre voiture, en un VROUM vexant, laissa sur le trottoir – comme pour toujours – ce minable de Moix et sa copine, asphyxiés dans mon nuage de rage. C’était vrai qu’il était laid, si laid ! En effet, plus il se corrompait dans le monde des lettres en tant que marrane anti-célinien pro-BHL, plus son visage se boursouflait. Je m’étais juré, après son scandaleux crachat sur Céline, de le clasher la prochaine fois que je le croiserais… C’était fait ! (…) Pauvre petite poire d’Orléans !

CXCIX. « La rupture avec Moix » (p. 1305-1306)

Photo d’entête : « Yann Moix » par ActuaLitté

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