Sommaire
Il faudra parler
- de Marcion
- de Joachim de Flore
- du Sillon
- de Jacques Maritain
La gnose, théologie de la religion universelle (Jean Vaquié)
La gnose, tumeur au sein de l’Église (Étienne Couvert)
D’après Laurent Guyénot
Problématique pour l’évolution du christianisme fut l’adoption canonique du Tanakh, la Bible hébraïque, rebaptisé “Ancien Testament”. Comment en effet concilier Yahvé avec le Christ ? […] Les chrétiens qu’on dit “gnostiques” avaient pourtant bien saisi le problème. Il tenait Yahvé pour un démiurge mauvais qui avait asservi les hommes par la terreur et la promesse trompeuse du bonheur matériel, tandis que le Dieu d’amour de Jésus (Abba, le père) venait les libérer par la connaissance (gnosis). Yahvé est le Prince de ce monde ; le Christ est celui du Royaume des Cieux. […] Malheureusement chez les gnostiques radicaux, le rejet de Yahvé n’allait pas jusqu’à lui contester la paternité du monde matériel ; ils tenaient celui-ci pour intrinsèquement mauvais. Ce positionnement paradoxal revient à prendre le parti du serpent de la Genèse, ce qui est au fond une juste réhabilitation du baalisme, mais passera, dans la confusion, pour la marque du satanisme.[…] Une forme plus modérée de gnosticisme faillit l’emporter à Rome au début du IIe siècle, sous l’autorité de Marcion (…) C’est en réaction contre Marcion que la communauté concurrente créa son propre canon en y incluant la Bible hébraïque. Au XVe siècle, le Concile de Trente déclarera l’Ancien et le Nouveau Testament comme étant d’égale autorité divine et formant un seul Livre. A bien des égards, les chrétiens prennent aujourd’hui l’Ancien Testament plus au sérieux encore que les Juifs, qui ne lui accordent pas le statut d’une révélation divine. Ayant adopté et sanctifié l’Ancien Testament, l’Eglise devra en interdire la lecture au peuple, de peur qu’il n’ait honte du Dieu qu’on lui demande d’adorer. Son libre accès en langues vernaculaires au XVIe siècle […] sonnera le début de la déchristianisation.
L’Ancien Testament, plus que l’Apocalypse de Jean, fut le Cheval de Troie du yahvisme au sein de la chrétienté.
Laurent Guyénot, Du Yahvisme au Sionisme, pp. 109-110