Michel Drac nous offre une très complète note de lecture de Sapiens [2015] et Homo deus [2017] de Yuval Noah Harari. Comme toujours chez Michel Drac, c’est très intéressant, comme toujours il faut réécouter une deuxième fois et comme toujours c’est bourré d’humour.

On peut aussi noter que le projet de Yuval Noah Harari a une barbe de 80 ans puisque ce rôle d’analyste-prophète, celui qui prétend décrire mais qui, en fait, révèle ce que lui et ses amis trament dans les coulisses de l’Histoire dans des prophéties auto-réalisantes, était dévolu à Herbert George Wells. Toute l’œuvre de Wells est dévoué à ce projet, mais ce rôle s’est intensifié pendant la Seconde Guerre Mondiale avec une série de livres que sont :

  • The Fate of Homo Sapiens [1939]
  • Le Nouvel Ordre Mondial [1940]
  • Les Droits de l’Homme [1940]
  • Une histoire de poche du monde [1941]
  • Guide pour le Nouveau Monde [1941]1
  • Une perspective sur Homo Sapiens [1942]

Pour H.G. Wells, il s’agissait d’illustrer dans des romans grand-public les idées qu’il développait dans les essais, de raconter le passé dans le sens d’une lente mais grande unification de l’humanité en un seul grand peuple babylonien (cf. la Tour de Babel) et de préparer les esprits à ce qui n’était pas encore le transhumanisme, mais déjà l’idée de l’homme-dieu sans limites.

Cependant, le fait que ce soit aujourd’hui un homosexuel presque transhumain athée israélien et non plus un Anglais hétérosexuel écrivant à Londres, qui soit le chantre de cette grande narration universelle que les masses doivent lire comme leur nouvelle Bible, montre bien comment les lieux de pouvoir se sont déplacés du monde anglo-saxon à la colonie qui les entraine derrière eux.

Note

  1. Il ne s’agit évidemment pas du Nouveau Monde au sens des XV-XVIIIème siècles, les Amériques, mais bien du monde du Nouvel Ordre Mondial ↩︎

Photo d’entête : « Triangulation » par Artur Salisz

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